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texte
de pochette |
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Lune
des grandes innovations du free jazz et, plus généralement,
des musiques librement improvisées aura été,
entre autres, de déhiérarchiser les sons instrumentaux
et les bruits, en inventant de nouvelles techniques
sonores (les fameuses techniques étendues) jusqualors
interdites par les apparatchiks, en brisant à tout jamais
les rapports de subordination autoritaire entre leader
et accompagnateur, en ouvrant la porte aux formats inhabituels
et en libérant les sons jusque-là englués dans
des rôles, des obligations et des échelles de valeur
dictées par le poids de lHistoire et de la morale.
Ici, en dehors de toute vaine virtuosité spéculative
et dans la profonde équilatéralité de la géométrie
dun axe Londres-Berlin-Verdun, pas de section rythmique ni
de soutien harmonique, mais une association évidente et libre
de trois instruments simplement mélodiques et acoustiques
même si le grain de leurs précieuses et implacables
divagations nest pas sans évoquer parfois certaines
installations électroniques sophistiquées.
Concentrant presque exclusivement son activité dans les mondes
de la nouvelle musique et de limprovisation, John
Butcher sest penché sur létude des techniques
des multisons et des multipistes (sur disque et en concert) au saxophone.
Se produisant en solo, au sein de groupes réguliers (avec
Chris Burn, Georg Graewe, Phil Minton, John Russell, Phil Durrant,
Thomas Lehn
) ou plus accidentels, on le retrouve également
au sein densembles au personnel étoffé, tels
que le tNonet de Fred Van Hove, le King Übü Örchestrü
de Wolfgang Fuchs, les groupes Polweschsel de Werner Dafeldecker
ou Ohrkiste de Radu Malfatti. Il est lun des co-organisateurs
du festival SoundArt et gère le label Acta Records.
Né à Cologne et installé à Berlin, le
trompettiste Axel Dörner sest produit dans divers groupes
de jazz, de free jazz et dimprovisation libre en compagnie
dAlexander von Schlippenbach, Zeena Parkins, Sven Åke
Johansson, Mats Gustafsson, Annett Krebs, Mark Sanders, et au sein
de grands orchestres tels que le Berlin Contemporary Jazz Orchestra,
le King Übü Örchestrü, le tNonet ou le
Berlin Skyscraper de Butch Morris. Ayant adopté un instrument
hybride (et à série limitée) qui offre linsigne
particularité dinclure à la fois trois pistons
et une coulisse, il réussit, grâce à la technique
de la respiration continue, à renouveler notablement le vocabulaire
de linstrument.
De formation classique, le clarinettiste Xavier Charles se sent
vite à létroit avec un instrument aux références
historiques pesantes. À la fois complice de Jacques Di Donato
et de Frédéric Le Junter, il multiplie les collaborations
avec Martin Tétreault, Michel Doneda, les Kristoff K.Roll,
Camel Zekri, Jean Pallandre ou Chris Cutler. Ses recherches l'orientent
aussi vers la basse électrique préparée et
les haut-parleurs vibrants dans des univers aux frontières
de la musique improvisée, du rock noisy et de lélectroacoustique.
Cest lun des responsables du festival Densités
à Verdun et du label Khôkhôt.
Ensemble, au firmament de linspiration dans lintimité
délicate et fragile de la chapelle St-Jean un des
hauts lieux du festival Jazz à Mulhouse à lheure
du déjeuner , ils inventent librement une musique de
groupe aux accents poétiques parfaitement épanouis
et crus où senchevêtrent et sinterpénètrent
des arborisations flamboyantes de microsons, corpuscules, grognements,
growls, attaques et souffles superbement évanescents. Déployant
tous trois avec grâce et sérénité (mais
non sans exaltation) une posture instrumentale hautement personnelle,
ils simposent comme les acteurs essentiels dun théâtre
dexpérimentation ou les géomètres dun
terrain daventures sans cesse en mouvement, dans le sens de
lhistoire.
Gérard
Rouy
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liner
notes |
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The
Chapelle Saint-Jean lies halfway along a pedestrian zone flanked
by rather drab 1960s flats ten minutes walk from the centre of Mulhouse,
a bustling town (famous for its automobile museum) at the southern
end of Alsace. Men, women and children have been coming to this
tiny chapel to pray in its cool interior for nine centuries; babies
christened in its austere stone fonts grew, lived and died here
long before what we now call France, Germany and Switzerland even
existed as nation states. Music has inhabited this sanctuary then
for more than twenty generations, a tradition that continues to
this day with the Jazz à Mulhouse Festival which takes place
every year in the sultry, land-locked heat of late summer. At midday
on August 26th, 2000, as the temperature climbed above 40° in
the shade, the Chapelle Saint-Jean was packed to capacity for three
exceptional musicians: clarinettist Xavier Charles had been in town
for several days (to perform amongst other things La Pièce
with Kristoff K. Roll), while John Butcher and Axel Dörner,
two of the hardest working men in contemporary improvised music,
had flown in just the day before. And, happily, Jean-Marc Foussat
was there too to record some of the most extraordinary musical moments
the Chapelle Saint-Jean has witnessed in its long history.
Cornelius Cardew, in Towards an Ethic of Improvisation wrote
that it was impossible to record with any fidelity a kind
of music that is actually derived in some sense from the room in
which it is taking place its shape, acoustical properties,
even the view from the windows. What a recording produces is a separate
phenomenon, something really much stranger than the playing itself.
Since it's relatively easy now to produce a CD (and improvising
musicians depend paradoxically on such non-ephemeral
products to supplement their income and bring in new work), literally
hundreds of concerts of improvised music are recorded these days
ask Jean-Marc Foussat, whose personal archive is an absolute
treasure-trove documenting over two decades of this music
but very few of them manage to capture the sound of the room itself.
AMM's The Crypt obviously springs to mind, as do some of
Taku Sugimoto's recent recordings.
The Contest of Pleasures is a beautiful example. Listen to
how these exemplary musicians learn to read the acoustical space
of the chapel: Butcher's fluttery key clicks test the stone walls
for echoes, Dörner's low sustained tones and unpitched valve-breathing
measure the room's wavelength, and Charles' delicate high singing
lines trace the resonance of its architecture. You can hear them
listening to the space they play in, hear their understanding of
it taking shape, and by Greengage a miracle has taken place,
as their intertwined pitches create celestial choirs of overtones
singing high in the chapel above them. The recording has captured
it all (I'm sure Cardew, were he still alive, would not disagree):
all, that is, except the glasses of cool, fruity local white wine
that audience and musicians alike enjoyed in the shady churchyard
after the concert. But you can't have everything. Unlike a bottle
of Riesling, The Contest of Pleasures can be consumed without
moderation for decades to come. Of course, it's impossible to say
if it'll still be around nine centuries from now, but if the Chapelle
Saint-Jean is, the memory of this music will be set into its walls.
Dan
Warburton
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chroniques |
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Si
limprovisation renvoie, au-delà des langages constitués,
à linvention dune parole irréductiblement
individuelle, les trois noms de Butcher, Charles et Dörner
suscitent aussitôt une image acoustique: chacun a su créer
son signe. Les sons multiples du saxophoniste, les fricassées
boisées du clarinettiste, le souffle blanc du trompettiste
sont des identifiants aussi sûrs que le vibrato de Bechet
ou le portando de Hodges. Mais si limprovisation signifie
ouverture, écoute, elle suppose aussi bien labandon
à une parole collective, invention dune utopie que
la musique se charge daccomplir. Lenjeu de la musique
librement improvisée étant de rapporter lun
à lautre les deux membres de cette alternative toute
théorique, den équilibrer léquation,
chaque fois laventure recommence.
La dimension linéaire du souffle est ici assumée comme
cadre et courant de limprovisation, ce qui, ensemble, tient
et soutient lavancée dans linconnu du temps.
La régularité du débit, le refus de toute "discursivité",
la neutralisation apparente de tout effet rhétorique élèvent
le seuil de lattention. Aucune "profondeur" qui
ne soit effet de surface. Tout est affaire de textures, qui se dédoublent,
se ramifient, se détressent fibre à fibre à
mesure que lon perçoit, dans labsence dévénement,
la prolifération du détail. Accrocs, reprises, épissures,
échardes fichées dans une toile élimée,
petits accidents, explosions minuscules, sifflements : le plaisir
réel, hypnotique, que lon prend à cette abrasion
des souffles voisine celui qui se retire de la contemplation des
rails ou des câbles électriques qui défilent
le long de la voie, du fil de leau, du clapot, de toute plage
uniforme infiniment perturbée, troublée, semée
dirrégularités, différant infiniment
delle-même. Le grain de ce courant pneumatique distendu
à lextrême, amenuisé jusquau silence,
peut aussi, charriant des particules résistantes, scories,
escarbilles, se ramasser par échauffement, en un tranchant
effilé, chanter comme la lame dune scie circulaire,
dune vibration aiguë, étager peu à peu
un accord éraillé avant de se dissoudre.
Du bruit blanc au tintement dharmoniques, en passant par un
feutrage multiphonique, les noms propres ont dépouillé
leur histoire pour laisser sémouvoir lespace
dune résonance qui semble vivre sa vie, impersonnelle
et magnifique. Ne pas déranger lordre dun monde
auquel on appartient, entretenir son indifférence, ny
pas déposer de lanecdote comme des papiers gras, cest
là peut-être le ressort secret dun art paradoxal
plus que jamais nécessaire : une autre façon, précieuse,
de faire silence.
P.-L. Renou
l Chronicart
"Today
in Europe theres an acoustic school influenced by electronics,
the way electronics can be translated to an instrumental context.
Take Axel Dörner how could a trumpet player break through
into something new? And suddenly, since Dörner, theyve
done it! There are four or five trumpet players around doing interesting
stuff. Not trombone players. Hardly any saxophone players, with
the exception of John Butcher". Cest Keith Rowe,
préparateur de guitares et improvisateur actif dans AMM depuis
plus de trente ans qui sexprime ainsi dans le Wire #206 (avril
2001).
Ses mots sont très proches de mes sentiments, un soir de
mai 1999 à Vandœuvre-lès-Nancy lors dun
concert du trio Butcher-Charles-Dörner dans le cadre du festival
Musique Action. Une performance qui me bouleversa vraiment très
profondément. Pendant plus dune heure, les trois musiciens
respectivement saxophoniste britannique, clarinettiste français
et trompettiste allemand dont cétait alors la
première prestation commune habillaient sans recours
à aucun artifice damplification ou de modification
du son le silence dune salle littéralement ébahie
de vibrations aériennes à la fois abstraites et incarnées.
Mon engouement pour ce concert avait été tel que javais
failli créer un sous-label à ubik dont lenregistrement
de ce concert aurait été la première sortie.
Mais, un midi de fin août 2000, le trio donnait à la
Chapelle Saint-Jean de Mulhouse (dans le cadre de lexcellent
festival Jazz à Mulhouse) un second concert dont ils étaient
encore plus satisfaits et dont lenregistrement est récemment
sorti sous le nom de The Contest Of Pleasures sur le label
Potlatch.
Comme le souligne Keith Rowe, les rapports de leur musique avec
certaines musiques électroniques actuelles est troublant.
Très souvent, en fermant les yeux il devient très
difficile de reconnaître les instruments utilisés comme
sources sonores. Les nappes en suspension, les grésillements
crépitants, le souffle granuleux entrent beaucoup plus clairement
en résonance avec la musique de certains paysagistes sonores
digitaux quavec les stéréotypes quon associe
habituellement à leurs instruments. Saxophone? Clarinette?
Trompette? Oubliez la fanfare et ses déclinaisons! Oubliez
aussi les fragmentations explosives du free jazz des trois premières
décennies (Albert Ayler, Ornette Coleman, Peter Brötzmann,
Evan Parker
)! Pour user dune métaphore géomorphologique,
on pourrait dire que si lusage devenu coutumier de ces instruments
dans le free jazz est lié au volcanisme éruptif on
se rapproche plutôt ici de la tectonique des plaques ou du
plissement de terrains. Comme dans toute uvre musicale qui
se respecte, il est ici question de temps et despace. Les
granules de son sont vaporisés dans lair, donnent corps
au son, le rendent palpable, restent en suspension ou sédimentent
Lentement mais inexorablement, avec une mobilité parfois
à la limite de notre faculté de perception, les strates
sonores se déplacent les unes par rapport aux autres, se
frôlent, se chevauchent ou senchâssent
Il serait cependant dommage que cette image fasse croire à
une musique minérale, donc supposée froide et inanimée.
Même si les musiciens sont discrets, plus concentrés
quexcentriques, leur musique est radicalement humaine, cest-à-dire
fragile et émouvante. Leurs protubérances de cuivre
ou de bois perdent leur nature dappendices et semblent plutôt
être la prolongation naturelle de leurs bouches, gorges et
poumons. Le mot clé est évidemment "souffle",
ce flux irrévocablement lié à notre respiration,
donc à notre vie. "Inspirer / expirer" ou, chez
John, Xavier et Axel, "Être inspiré / sexprimer".
Philippe
l Bardaf
l novembre
2001
Un espace acoustique d'exception, trois corps soufflants bien abouchés,
un auditoire duquel chacun participe (soit un certain nombres d'oreilles:
celles de la Chapelle Saint-Jean elle-même, à Mulhouse
durant l'été 2000, celles de John Butcher (ts, ss),
Xavier Charles (cI) et Axel Dörner (tp), celles du public présent,
celles microphoniques - de Jean-Marc Foussat, et les vôtres)
: un mode d'être dans le son.
Des tuyères aux gaz irisés sourd une musique contrôlée
faite de lignes épaisses délicatement poussées,
surgies subrepticement du sol, qui dessinent une autre nef de brindilles
dans l’air de la chapelle. La mécanique bruissante
aux cliquetis sensuels se fait chair de fruits transparents (voyez
le poétique intitulé de chaque pièce: Pamplemousse,
Quetsch, Loganberry, Greengage, Kumquat), les filets humides
ou diamantins de Xavier Charles, ses granules gutturaux, filent
sous la voûte, des traînées de bulles d'air alanguies
éclosent du pavillon d'Axel Dörner, Butcher tanne et
tapote écorces et bulbes. Enormes cordes végétales
frottées ici, micro-hérissements là, mais point
de grouillements emballés: une sérénité
qui requiert un état de totale disponibilité auditive
(comme les tout meilleurs enregistrements d'AMM). De cette exigeante
mosaïque mouvante et crêpée qui ondule naissent
d'étourdissants mirages. Une véritable merveille!
Guillaume Tarche
l Improjazz
l Juin
2001
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reviews |
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Butcher,
Charles and Dörner make a magnificent racket in a French
mediaeval church, one of those rare CDs that succeeds in capturing
the space within whlch the music is made as well as the music
itself. Indeed, the two are inseparable here: saxophones. clarinet,
trumpet and masonry meshing resonantly and harmonlcally to present
us with one of those remarkable moments - a true summit meeting
- tbat makes ploughing through all those recorded-in-the-backroom-of-the
Golden-Fleece worthwhile. Without getting too fey, for me this
recording vindicates the 'non-idiomatic' argument for free improvisation
- it sounds like no other music. Not even like other free improvisation,
at times.
Chris
Atton
l The
Sound Projector
l September
2002
For
The Contest ofPleasures, Butcher's role in the acoustic
trio with German trumpeter Axel Dörner and French clarinetist
Xavier Charles changes along with the group context. ln long,
gradually morphing performances like Pamplemousse and
Quetsch there is a conscious attempt to bleed complementary
sounds together - beginning in the former as a fabric of non-pitched,
oscillating drones, and in the latter as a kind of fanfare. At
times the sounds seem to be put under a microscope, as the participants
examine the grain in a clarinet tone, or the quiver of vibrato
in the breath passing through the trumpet. Butcher's fractured
notes, percussive bytes, and sustained colors here join into the
group empathy, as they explore various degrees of dynamics, shading,
and textural continuity. Recorded in the Chapelle Saint-Jean in
Mulhouse, France, the site's open, echoey ambiance underscores
the trio's close-knit approach.
Art Lange
l Pulse!
l March 2002
Dörner's trio with John Butcher on tenor and soprano sax
and Xavier Charles on clarinet could easily be one of the most
astonishing examples of electro-acoustic improvisation going;
except, of course, that this is a trio that plays purely acoustic
music. Each of the members of this trio are masters of extended
techniques, internalizing the sound world of circular breathing,
overblown harmonics, false fingerings, and shadow overtones into
a vocabulary for collective spontaneous exchange. They are also
all actively exploring the synthesis of electronics and improvisation
in a variety of contexts. Like their work with electronics and
real-time processing, the trio music here is highly sensitized
to the way in which overtones and harmonics interact to create
sounds that often belie their sources. The live performance, recorded
at the Chapelle Saint-Jean in Mulhouse, France, makes effective
use of the resonance of the chapel. Over the course of the five
pieces, it is as if Dörner, Butcher, and Charles are slowly
exploring the room, testing the way that their notes resonate
and decay. The live acoustics of the stone architectural space
become an active participant as clipped notes, guttural smears,
muted breaths, and skirling overtones extended through circular
breathing are masterfully placed and shaped. Silence and hushed
dynamics play an integral role in these abstractions as the music
drops down to the quietest of pattering keypads and breaths. These
three create a seamless, unified voice, as their deftly shaded
and nuanced playing sculpts a palpable presence.
Michael Rosenstein
l Coda
l February 2002
The
Contest Of Pleasures is the type of recording that gives
improvised music a good name. It exhibits both a cohesiveness
and lack of superfluity that improv rarely attains. The coagulative
trio of Butcher, Charles and Dörner had performed together
prior to this concert in Mulhouse, and their comfortable rapport
is apparent as they effortlessly exhale an amorphous music of
juicy ripeness in what seems to be one long collective giant breath.
Titles like Kumquat and Loganbeny add to the
impression that Butcher is suckling an orange through the entire
length of his saxophone, while the salivary duo of Charles and
Dörner use their clarinet and trumpet as straws to slurp
the pulp from some fruity beverage. The inhabitants of Chapelle
Saint-Jean must have thought they had stumbled upon a den of slumbering
and slobbering brutes, but surely were won over by this bubbling,
unhurried, cooling music. My newspaper tells me that Hollywood
has been buying favourable quotes; l'm not adverse to a bit of
lavish hospitality from Potlatch so I can tell you; "this
stunningly elegant CD is a masterpiece!"
Mark Greenaway
l Rubberneck
l February
2002
Recorded live at the Jazz à Mulhouse Festival, The
Contest of Pleasures is a subtly dynamic improvising extravaganza
brought to us by three forward thinking European horn men; saxophonist
John Butcher, clarinetist Xavier Charles and trumpeter Axel Dörner.
With this newly issued outing, the musicians explore abstruse
regions of sound amid odd voicings, high-pitched harmonies, intricate
three-way dialogue, and mechanistic tonalities.
Here, the artists project kaleidoscopic and at times, hypnotic
motifs, awash with raspy trills, percussive statements and daintily
executed micro themes that seamlessly flow into diametric angles
or converging proclamations. Throughout, a sense of transience
prevails, as the musicians embark upon an evolutionary course
that seemingly defies any discrete semblances of time and space.
The Contest of Pleasures signifies a subliminal unification
of the spirits. Thus, every whispery note, fleeting chorus and
climactic episode speaks volumes, yet we would not expect anything
less from this esteemed trio of master artisans. Recommended.
Glenn Astarita
l All
About Jazz
l July
2001
This stunning concert recording was made on a sweltering night
in August 2000 at the Mulhouse Jazz Festival in Alsace. The oppressive
heat was alleviated for players and audience by chilled bottles
of the local Riesling and the shade of the ancient chapel in which
the event took place. John Butcher, on tenor and soprano saxophones,
Xavier Charles on clarinet and trumpeter Axel Dörner distributed
their energies wisely, conserving breath to extract a gradual
and steady stream of concentrated sounds.
Despite
the title there is nothing obviously competitive about the music.
It seeps out in highly controlled purrs, squeals, growls and whispers,
with the three musicians integrated in intent and execution like
mutually supporting facets of a slowly revolving mobile sculpture.
The music conveys solidity, even as it oozes subtle contrasts
of texture and colour. In effect it's predominantly a construction
of planes turning around an axis rather than vying lines or isolated
points. The trio lock tightly into the atmosphere. The chapel
is mildly resonant, enhancing the instrumental sounds without
messy echo and enabling an overtone halo to become audible at
special moments.
There
are five pieces with fruity names, such as Pamplemousse,
Loganberry and Kumquat. All are compactly squeezed
out. Matters become unusually animated for a while in the course
of Greengage, but overall the mood is sustained in a taut
unbroken flow of collective articulation, a quietly intense and
disciplined negotiation with the specifics of the palce and the
climate.
Julian
Cowley
l The
Wire l June
2001
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