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texte
de pochette |
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Habituellement,
dans tout type de musique, un duo guitare-contrebasse adopterait
les fonctions de soliste et daccompagnateur. Ici, dans le
monde de limprovisation libre (ou « non idiomatique
»), détaché de toute contrainte de méthode
et débarrassé dun fatras de règles, hiérarchies
et autres usages, les deux musiciens se font face avec le
public des Instants Chavirés pour témoin , ayant
pour seul bagage leur vocabulaire instrumental (leurs habitudes,
diront les grincheux), leur mémoire et une propension à
toute épreuve à être « à lécoute
». Jouer comme si cétait la dernière fois.
Au cours de ces dernières années, Derek Bailey et
Joëlle Léandre nont jamais autant enregistré,
non pas pour une grande compagnie mais pour une multitude de labels
indépendants disséminés sur toute la planète.
Ils se sont maintes fois croisés et retrouvés, avec
les partenaires les plus divers, sur les scènes du village
global des musiques librement improvisées, mais cest
la première fois quils enregistraient en duo. Plus
quune succession de premiers ou seconds plans (ou jeu en «
ping-pong »), leur conversation prend des allures de promenade,
riche en découvertes et surprises, où chacun sefforce
de se mettre à la disposition de lautre, tout en proclamant
ses prérogatives.
Nourrie des enseignements de linstitution classique (que les
libertés du jazz et les hardiesses de la musique contemporaine
allaient pervertir), Joëlle Léandre caresse et maltraite
la contrebasse avec vélocité, précision,
puissance, rage et si sa voix prolonge parfois linstrument,
cest pour mieux affirmer une attirance pour la mélodie.
Parfaitement
autodidacte, cest après avoir travaillé pendant
plus de dix ans dans le monde de la musique commerciale que Derek
Bailey se consacre progressivement, au cours des années soixante,
à limprovisation libre à la guitare et adopte
un langage approprié. Guitariste conventionnel aux qualités
chantantes (ni guitare à plat, ni hammering-on, ni transformation
électronique), il perfectionne les « techniques étendues
» (non conventionnelles) de manipulation des timbres à
la main gauche (juxtaposition et jeu doppositions des techniques
de cordes pressées, dharmoniques et dopen strings
dans une même phrase), doublées entre autres dune
maîtrise diabolique du médiator (devant et derrière
le chevalet) et dune utilisation très personnelle de
la pédale de volume (lune de ses « marques de
fabrique ») lui permettant notamment de supprimer lattaque
des notes ou dinterrompre brutalement les accords.
Confronté aux épaisses et sauvages phrases en ligne
de sa partenaire, son jeu expressionniste fait merveille, et quand
larchet saffole et saccélère, une
troublante frénésie rythmique sinstaure au cur
de la superbe articulation de leurs empoignades crues et de la magie
télépathique de leurs dix cordes épanouies
et comblées.
Gérard
Rouy
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liner
notes |
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What
is there to write about? Music Reviews are well-known for falling
into the trap of simply describing: remember Shaw's analysis of
To be or not to be.. as described by a music Reviews:
the interrogative infinitive opening phrase is, a brief linking
conjunction, counteracted by its inversion.. There's no point
providing you here with a blow-by-blow commentary. In any case,
the fact that you're reading this probably means you belong to The
Afficionados Of Free. This CD will probably take its place alongside
others of its ilk by Parker, Brötzmann, Van Hove, and no doubt
Bailey himself, including such latter-day pop classics as Guitar
Drums'n'Bass and The Sign of 4. Even though I
believe this is the kind of record that should be slipped into a
Spice Girls sleeve and given to unsuspecting and impressionable
ten-year-olds, it's unfortunately true to say that Derek Bailey
and Joëlle Léandre will never fill a stadium in Rio
or sell 250,000 tickets at Knebworth.
The late Morton Feldman described Samuel Beckett as a fantastic
word man. And he added: I always felt I was a note man.
Derek Bailey is a note man of the highest orderno
need to attack his guitar with screwdrivers, chains, paintbrushes
and balloons (even though such extended techniques can be wonderfully
effective in the hands of a Frith, Chadbourne, or Kaiser). Bailey's
sound is out there, endlessly redefining its musical structure (can
there be a better example of Stockhausen's concept of moment
form?), continually recycling tiny exquisite pitch constellations
with Webernian finesse. Indeed, his music could prove fertile ground
for rigorous set-theory analysis à la David Lewin
though that would involve weeks of patient transcription and even
then wouldn't take into account its rhythmic intricacy and timbral
sophistication (check out that use of the pedals!). What's more,
in Joëlle Léandre, Bailey has found a uniquely sensitive
sparring partner. Check out the pitch play in the second piece here.
No, scratch that, check it all out. Listen carefully now
this is not music for the faint-hearted.
So what kind of music is that exactly?. You may be tempted
to ask this question after No Waiting. But whether you call
it non-idiomatic improvisation, free improvisation, free music or
whatever other term you fancy, you will, given time, grow to love
this music simply for what it is, a crystal-clear snapshot of a
memorable evening at Les Instants Chavirés, a great
gig by two extraordinary musicians. No point shouting it from the
rooftops your neighbours are too busy listening to Oasis
, just let's quietly treasure this rare gem. Shhh... It'll
be our secret...
Dan
Warburton |
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chroniques |
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Le
plus souvent dans les extrêmes, voire au seuil de douleur
auditive, loin des sonorités pastel, du moiré
et des doux duos alanguis. Plutôt dans le zigzag
et la zébrure, dans les déchirures et lapidages de
silence. Le goût du son, très fort, au point que l'allitération
est irrésistible : du goût du sang, d'une chair de
la musique... Ici l'on tranche dans la matière sonore. Musique
au couteau, par brusques à-plats et jets de couleurs, jusqu'à
saturation et mélange suraigu. Ou dans le cristallin et l'extinction
distendue confrontes aux frottements et fouettages. Avec toujours
dans les phases de dialogue une manière de halètement
rythmique, une crispation que menacerait une complète tétanie...
De fait, ni attente, ni préméditation autre
que celle des retrouvailles, mais une suite de plongeons
à quatre mains, déchanges à la dialectique
quasi rituelle (en trois mouvernents-moments d'intensité),
qui prend évidemment valeur de manifeste pour le catalogue
ainsi inauguré. No waiting certes, mais on attend
le prochain potlatch.
PS - Faut-il préciser que les instrumentistes ici réunis
(pour la première fois en duo sur tout un cd) simposent
comme deux incontournables de lhistoire de limprovisation
?
Philippe
Carles l
Jazz Magazine l Avril 1998
Ainsi
jouèrent-ils, duettisant sur plusieurs années, ici,
puis ici encore, là, mais une seule fois suffit à
Jean--Marc Foussat pour les fixer sur cet enregistrement, pris aux
Instants Chavirés de Montreuil.
A quoi cela ressemblait-il? Souvent plantée côté
cour et de noir vêtue, Joëlle Léandre est une
dame brune de taille moyenne, barbare Barbara en cheveux qui aurait
renversé à ses pieds un piano pour, le tenant par
la queue, le montrer à ce Monsieur Bailey avant que de tremper
ce qu'il en resterait dans l'huile de ses coudes lui passant l'archet
dans le dos - de celui du piano à queue et non pas de celui
de Monsieur Bailey qui, tête jetée de côté,
en chemise aux poches de poitrines piquées de jolis boutons,
guitare lancée sur un genou fortement surélevé
par la taille du pédalier, sinistre main-crabe claudiquant
prestement le long du manche, se joue de l'arrogante indolence du
Ricky Nelson de Rio Bravo (précisément lorsque celui-ci
entend montrer à Dean Martin qu'on ne la lui fera pas - encore
moins à son rifle, ni à son poney - question crooning
bien tempéré) transformé cependant par les
années en pistolero brechtien ayant mis à bonne distance
une Angie Dickinson sans guêpière, défroquée.
La musique? Très exactement tout cela. Pas moins. Mais quoi
enfin? Du piano (re)dressé à la main en contrebasse,
épluché de son habituelle peau épaisse sombrement
laquée et emmené tambour battant à faire le
pas-de-deux avec la banlieusarde guitare hérisson du last
but not the least of the single western-swingers. Double bass, insistent,
comme pour en redoubler la lourde cadence, les anglo-saxons.
Une mise en scène donc, proche de celles qu'Edward Gordon
Craig, scénographe, dramaturge, metteur en scène réalisait
à l'aube encore du premier conflit mondial et qu'évoque
Jean-Pierre Faye dans le chapitre Décor, Espace de son Récit
Hunique publié en 1967 au Seuil:
" Pour finir, Craig rêve d'un théâtre sans
texte, construit par les seuls lieux: dans The Steps, les deux personnages
l'intéressent, mais, dit-il, "c'est l'escalier sur lequel
ils se déplacent qui m'émeut."
"
Jacques Debout
l Revue et Corrigée
l Juin 1998
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reviews |
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The
five pieces on No Waiting, recorded live in 1997, find
Bailey in his more usuel mode of collaborative improvisation with
an accomplished and forceful associate. Despite the jaggedness of
Bailey's music the fingers crawling spiderlike over the fretboard
exploring every form of articulation and harmonie and rhythmic possibility
over continually shifting time and velocity - here it is all underpinned
with a sense of calm, an assured quality that comes from him having
sorted out his aesthetic priorities long ego. The poise of French
bassist Joëlle Léandre the firm pedals, the Iyrical
bowed fines heighten the sense of reflection, the low register
of her instrument rooting the mercurial flight of Bailey's guitar.
Their roles are almost traditional, and Bailey even occasionally
lays out to give room for a bass solo. The relationship is one of
support rather than dialogue. With Bailey's music there are few
surprises (except occasionally in the choice of collaborators),
but surprises here come when Leandre asserts herself and leads the
way, causing the guitarist to step aside momentarily and reconsider.
Both players shun novelty and their attention is above all to the
detail of what is played.
Gus
Garside l Resonance
l December 1998
As
one would expect from this personnel, No Waiting is abstract.
It is also marvelous. Both Bailey and Léandre are titans
of their respective homs, and they are focused here - not just on
each other but on their joint, orphean muse. The centerpiece of
the disk, No Waiting 3 builds so marvelously from
Bailey's delicate, almost baroque plucking to such a fiery duel
of cacophonous guilar and savage, soulful bass scrubbing, that it
seems as if there is nearly no emotion that these two can't evoke.
Bailey's frenzied accompaniment to Léandre's deep tremolos
on the final cut is glorious: it's samadhi for two stringed instruments.
In a review of her recent recording, Moments, I ranked
Léandre among the most talented avant-garde improvising bassists
now active. No Waiting, a disk in which she sticks almost
exclusively to bow work, reinforces this judgment. Both her technique
and her concepts are superlative. I think she could fill an entire
CD with nothing but harmonics and still be interesting and beautiful.
Bailey, of course, is always and only Bailey: an uncompromising
Kandinsky of the electric guitar. Clickety-thrash, plunkety-skronk.
No quotations from cartoon shows. No Wes Montgomery riffs. Just
a serious and tireless artist, pressing closer and closer toward
the harmony of the universe, note by crackling note.
Walter
Hom
l Cadence
l September
1998
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