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Le projet de Propagations est de réunir quatre grandes figures de la nouvelle musique improvisée européenne, quatre saxophonistes aussi différents que leurs noms sont bizarres et leurs prénoms communs, quatre type aux styles aussi différents que proches, aussi éloignés qu’identiques, inverses, opposés, multiples. Trois improvisations autour du même objet et de ses dérivés (alto, soprano, ténor), pour un balayement des possibilités quasi infinies de cet instrument topologiquement fermé, comme on dit, sans bord ni limite. S’entremêlent ici des chemins de traversent qui se croisent et s’esquivent, se rencontrent et se heurtent, se caressent et s’accompagnent. Tour à tour souffle continu, granulations, sursaut stridents, boucle répétitive, ondulations rauques, sifflements, percussions à air comprimé, timbre, microtonalité, et d’autres choses encore, Propagations se… propage, oui, comme les lignes non-euclidienne d’un ruban de Möbius sous le potentiel gravitationnelle de sa masse ponctuelle, éphémère, momentanée, passagère, provisoire, mais jamais précaire. Le quatuor navigue sur le même fil d’auteurs modernes comme Mike Shiflet ou Daniel Menche, à brûler leurs livres de grammaires et imiter une forme de langage des signes sans les mains, et leur passion pour le continu l’unique et le singulier, pour l’oscilloscope en berne et l’électrocardiogramme bloqué sur décès. C’est au fond ce qui signe notre modernité : arriver à être électronique sans électricité.
Saïmone l Guts of Darkness l Septembre 2011
La
musique mise à nue par ses musiciens, même
A propos du concert aux Instants Chavirés, le 6 mai 2010
Dispositif scénique plus simple et plus sobre, je ne crois
pas qu’on puisse. Les quatre saxophonistes, Marc Baron, Stéphane
Rives, Bertrand Denzler et Jean-Luc Guionnet sont tous les quatre
tassés juste devant la scène déjà modeste
des Instants Chavirés à Montreuil, le premier rang
des spectateurs pourrait facilement les toucher en allongeant le
bras. Trois des saxophonistes sont assis sur une chaise, en rang
d’oignon, le quatrième, ténor, joue debout.
Jean-Luc Guionnet pose au devant des quatre sa vieille lip par terre,
vérifie auprès de chacun si tous peuvent voir la petite
montre, tous acquièscent. On mouille sa anche, on se concentre,
on ferme les yeux et les voilà partis, lancés dans
le jeu labyrinthique d’une première pièce, pour
cette première partie de concert.
Arqueboutés sur leurs tuyaux, tous ayant apparemment coincé
une note, la bonne, ont les doigts crispés sur les clefs.
Il y a quelque chose de tout à fait admirable dans la simplicité
apparente de ce concert, quatre musiciens assis dans le coin d’une
pièce n’ont pas besoin d’une sonorisation ou
de quel qu’autre artifice que ce soit, et jouent une musique
savante, même si elle est composée davantage de plages
que de séries de notes. Exit tout le decorum habituel du
concert, pas de tenue particulière pour les concertistes,
pas d’introduction, de présentation, d’explication,
la musique seule, triomphale dans sa simplicité. Nue.
Et il s’agit bien de cela. De musique. D’une musique
au pouvoir immense, celui de tendre une corde et de la faire résonner,
de la faire vibrer et de jouer de cette modulation, une musique
d’archers qui tendent et détendent la corde de leur
arc — je fais référence ici à la Haine
de la musique de Pascal Quignard. Une musique qui s’est débarrassée
de toutes les questions concernant son apparition, une musique à
la fois primale pour ce qu’elle n’est, pour chaque instrument,
que cette seule note, les doigts de chaque musicien ne produisant
que de très faibles mouvements pour déserrer parfois
l’étau des clefs, puis le refermer de façon
étanche, mais à la fois aussi incroyablement savante
à force de décliner, pour chaque instrument, toutes
les variations possibles d’une même note, et ces variations
sont nombreuses, la créativité de chacun de ces musiciens
étant très grande qui s’entendent pour jouer
avec ou sans sourdine, avec ou sans anche, la anche dans le bon
sens ou retournée, la anche pincée ou la anche à
peine prise, la pression maximale d’un souffle très
longtemps comprimé pour être relâchée
d’un coup ou au contraire dispersé dans un gémissement,
et ces quatre musiciens experts d’enchaîner chacun de
ces effets avec une science inouie des relais entre chaque instrument.
Les alliages produits par les quatre instruments sont tels qu’il
est parfois déconcertant de comprendre avec un temps de retard
que telle note tenue dans un registre assez haut l’est pas
le ténor plutôt que par le soprano comme on l’aurait
cru de prime abord. Les souffles des quatre saxophones se recouvrent
par endroits ou se laissent à découvert, il y a dans
cette recherche systématique de toutes les combinaisons possibles
de quelques effets seulement, comme une citation musicale de la
peinture de Barnett Newman, manière de dire, oui, ce sont
des notes, comme Barnett Newman admet que oui, ce sont des rayures
verticles, mais l’endroit où les notes se recouvrent
et celui où elles s’interrompent découpent l’espace
sonore d’une façon qui équilibre le tableau,
comparable à aucune autre, on pense également aux
sculptures de Ruckriem dans ce qu’elles découpent la
matière en un endroit précis et dont la déterminatio
paraît aléatoire, mais jamais gratuite.
Le mélange des sonorités des quatre instruments donne
le jour à des notes tierces, des notes hybrides et dont la
résonance est une musique qui va au delà d’elle-même
au point de donner à entendre le mouvement même, l’origine
même, de la musique. Et c’est bien le miracle déroutant
de ce concert, quatre musiciens en tenue de ville, il y en a même
un qui a un trou à son pantalon, descendus de la scène,
massés devant la scène, devant le public, presque
indistincts du public, et ils nous font toucher, serviteurs de cette
musique, aux origines mêmes de la musique ?
D’ailleurs il n’est question que de cette musique lors
de ce concert, les musiciens lorsqu’ils se concentrent avant
d’happer leurs anches en fermant les yeux, revêtent
le masque de la concentration, dont ils ne se départissent
qu’à la fin des deux pièces de ce concert en
deux parties, avec des billes d’automates qui se déconnectent
— d’ailleurs l’un d’eux en profite pour
regarder si des fois son téléphone de poche remisé
dans la valise de son saxophone, n’afficherait pas de nouveaux
messages, celui-là a des retours de téléportation
fort prompts. Le public est trop attaché à cette notion
de concert pour ne pas applaudir, cela met presque les musiciens
dans l’embarras, eux étaient là pour jouer de
la musique pas nécessairement faire le spectacle, ils tournent
le dos au public, Jean-Luc Guionnet profite de sa haute stature
pour, par dessus l’épaule d’un de ses collègues
lâcher un modeste « Merci bien » au public, on
devine sans mal que les musiciens sont surtout pressés d’échanger
entre eux leurs compte-rendus de cette odyssée modeste.
A force d’avoir débarrassé le concert de sa
coutumière décoration, ces quatre saxophonistes ont
juste dénudé la musique, devant nos oreilles incrédules.
Ce n’est quand même pas tous les jours que l’on
assiste à de tels miracles, à moins sans doute, de
vivre dans le voisinage de l’atelier de l’un de ces
musiciens.
Philippe De Jonckheere l
Leportillon
l
Mai
2010
Un
souffle de quarante minutes porté par quatre saxophonistes.
Il faudrait regarder, pour l’ambiance, du côté
de John Cage (dernière époque, celle des Number
Pieces), de Morton Feldman (quand il prend vraiment son temps)
ou Scelsi, pour la démarche, du côté de Sciarrino
ou Giorgio Netti et puis bien sûr de quelques précurseurs
de la scène européenne des musiques improvisées,
en particulier ce classique de Michel Doneda, Anatomie des clés
(en 1998, chez Potlatch déjà). Car il s’agit
bien d’improvisation. À l’intérieur du
son. Pour en extraire des instants de pure beauté, d’extrême
violence. De poésie.
La pochette du cd esquisse le contenu (peinture d’Eric Loillieux,
dont j’apprends en parcourant son site, qu’il a étudié
la composition avec Michel Zbar). On se laisse happer par cette
musique comme devant une toile (de Cy Twombly ou Mark Rothko, pour
revenir à Feldman). Aucune narration, juste ces sons dont
on se demande s’ils proviennent vraiment de saxophones. Passé
l’émerveillement, on cherche à comprendre. Mais
non, rien n’a été écrit ou trafiqué.
Quatre improvisateurs, saxophonistes se retrouvent, lors d’une
résidence au Carré Bleu de Poitiers, jouent, enregistrent.
Bertrand Denzler, répondant à mes interrogations,
écrit : «Nous avons au fil du temps développé
ce que j’appelle un "territoire" ou un espace commun
(qui concerne à la fois les sons, les timbres, les textures
et les "formes" possibles) pour tenter de créer
collectivement une/des pièce/s qui nous semblent cohérente/s.
»
Les quatre saxophonistes n’en sont pas à leur coup
d’essai. Bertrand Denzler et Jean-Luc Guionnet (plasticien
également) ont déjà quelques années
d’intenses activités sur la scène européenne,
avec quelques disques fameux. Les plus jeunes ne sont pas en reste,
Stéphane Rives est actuellement en tournée aux USA,
multipliant les rencontres, Marc Baron quant à lui, s’est
illustré il y a peu aux côtés de Louis Sclavis
(L’imparfait des Langues).
Laurent Matheron l
Asaxweb
l
Février
2008
Détournement
de saxophones. Marc Baron (alto), Bertrand Denzler (tenor), Jean-Luc
Guionnet (alto) et Stéphane Rives (soprano) se produisent
ensemble depuis 2003, ils se connaissent donc parfaitement et n'ont
de cesse de repousser les limites des musiques improvisées
expérimentales. Car ici, la surprise est totale, les souffleurs
ont choisi l'approche la plus abstraite qui soit pour une telle
réunion d'instruments similaires. Notes soutenues, interventions
abruptes, silences, le dépaysement impressionne au point
d'oublier qu'il s'agit bien de quatre saxophones qui produisent
ces univers sonores dépouillés, accidentels et subtils.
Les techniques de coloration du son, la recherche de timbres inouïs,
les jeux de fréquences et l'improvisation malgré tout
structurée pourraient laisser penser qu'il y a ça
ou là l'intervention de traitements électroniques
du son. Clapets, valves, vertèbres... tirer pleinement parti
de saxophones en détournant leur utilisation primaire et
arriver à produire cette musique en filigrane est une vraie
prouesse. Sur la dernière pièce, les quatre protagonistes
jouent ensemble et quittent de façon plus manifeste le silence
omniprésent sur les deux premiers titres. Les trajectoires
de souffles s'offrent l'espace d'un instant une véritable
libération.
Une superbe performance qui saisit l'immatériel, l'inaudible
du saxophone !
Sonhors
l
Février
2008
Qu’attendre
de l’association de ces quatre souffleurs « de pointe
» dont on a suivi les mouvements ces dernières années
? Certainement – du moins l’espère-t-on –
pas plus un hommage à Marcel Mule qu’un simple recensement
des trouvailles saxophonistiques récemment passées
dans l’usage… Alors, juxtaposition ? surenchère
? annulation des forces en présence ? Le jeu était
somme toute risqué et l’horizon d’attente de
l’auditorat se peuplait déjà de scénarios
sonores et de combinaisons stratégiques… que finalement
le quatuor [Marc Baron (as), Bertrand Denzler (ts), Jean-Luc Guionnet
(as) et Stéphane Rives (ss)] bat en brèche : la matière
est plus rêche que les aimables et polies pelotes qu’on
aurait imaginées, le jeu se déploie dans des espaces
fort divers et pas si flatteurs de prime abord.
La pâte musicale s’élève et ondule, matière
textile, ductile, géologique, électrique : bobinages,
efflorescences évocatrices de certaines pièces orchestrales
brèves de Scelsi, éclosions d’éclosions,
mondes du son dans le son, se densifiant sans obstruction, montant
comme certains de ces bourgeons soufflés par Jim Denley.
En surface comme en profondeur, une tectonique subtile qui fait
sourdre le son et souffler un orgue à crêpage d’interférences.
Le déploiement improvisé de cette suite en trois mouvements
n’épouse pas une dramaturgie de simple progression
; et s’il faut parler de « propagation », c’est
à un degré particulier de complexité : circulation
d’ondes concentriques et solidaires certes, mais aussi cheminements
paradoxalement individuels dont les initiatives finissent, comme
des virus, se propageant donc, par infléchir les formes à
l’œuvre. Passionnant.
Guillaume Tarche l
Improjazz
l
Janvier
2008
Prenez
quatre saxophonistes connaissant leur instrument sur le bout des
doigts, mettez-les ensemble et laissez-les improviser. Depuis 2003,
M.Baron, B.Denzler, J.L.Guionnet et S.Rives fonctionnent sous cette
formule. Ils cherchent à donner à leur instrument
de prédilection une nouvelle orientation qui puisse sortir
des cadres conventionnels.
Sur
Propagations, il apparaît assez évident que
le quatuor dépasse largement les clichés liés
au saxophone. Comme un véritable voyage introspectif, ce
disque est un concentré de précision et de concision.
Jouant avec les silences et œuvrant résolument dans
un esprit purement expérimental, les quatre hommes s'évertuent,
dans un minimalisme confondant, à donner des sonorités
inhabituelles à des formes musicales qui le sont tout autant.
Les saxophones semblent alors dialoguer entre eux, d'une manière
certes discrète, entre chuchotements et envois de signes
abstraits. Il n'est alors pas question de déclencher les
hostilités, chacun des protagonistes évoluant dans
des sphères apaisées qui n'ont aucunement l'intention
de faire de vagues.
Ceci étant, Propagations reste un bel effort d'imagination
et se montre, finalement, assez étonnant. Par moment, on
se demande vraiment si l'on écoute un ensemble pour saxophones.
Entre les longues nappes qui ressemblent à s'y méprendre
à des drones, des soufflements confinés qui savent
se mettre au second plan, de brefs éclatements sonores inopinés
et un effort certain pour rester dans un cadre des plus intimistes,
il y a de quoi penser que la formation a atteint son but. Leur tâche
est-elle pour autant achevée ? On en doute, car l'improvisation
implique cette volonté de se réinventer et de chercher
sans cesse de nouveaux terrains de jeux. Ici on a juste exploité
une idée, on l'a développée et même,
on l'a transformée. En soi, tout amateur de musiques improvisées
ne pourra qu'apprécier ce genre de démarche. Propagations
va suffisamment loin pour qu'on lui donne un intérêt
particulier qui ne pourra se vivre qu'isolément.
Fabien l
Liability
l
Décembre
2007
Potlatch
poursuit son remarquable travail de documentation des nouvelles
scènes improvisées avec un très beau quartet
de souffleurs made in france .
Une formule mythique d'avant-jazz par essence qui met en perspective
toute l'évolution saxophonistique des derniéres années,
qui n'aura eu de cesse de s'éloigner d'un idiome qui, après
avoir beaucoup donné, semble s'être perdu dans la virtuosité,
l'héritage et la notoriété proche en cela du
corpus "classique" et de sa tradition .
Propagations confirme la permanence des techniques de granulation
acoustique entre salive, colonne d'air et amplification pour jouer
au plus près des gradations séparant la contingence
de l'expiration du timbre des saxes.
Le souffle continu producteur de trames (héritage scelsien?),
la focalisation sur les bruits "parasites" : coups de
anches pincées, léchées, gifflées, claquements
des feutres obturateurs semblant acquis comme dans quasiment toutes
les productions des nouveaux improvisateurs au plus loin du pointillisme
indépassable de Charlie Parker ...
Reste la musique: la valeur ajoutée d'une combinatoire singulière
alternant ou non les paramètres propres au médium
et qui font tout le sel du disque. Ainsi des belles articulations
/ variations sur l'amplitude, la durée, le grain, les tutti
et les va-et-vient embryonnaires des instruments se donnant la réplique.
C'est un disque intense beaucoup plus varié et surprenanrt
que la production courante de noise acoustique aride, avec de l"émotion
en quantité comme lors de cette chevauchée spectrale
de la partie 2 où les hauteurs en fusion des anches
s'avèrent d'une sensualité rare, quasi symphonique
en réponse aux micro-mouvements principaux. On est au plus
loin de tout académisme dans une "histoire" sonore
qui ne se refuse aucun procédé de narration pour replacer
l'émotion et l'intelligence à égalité
au centre du travail.
Un disque recommandé pour toutes ces raisons et quelques
autres que le résultat, bien supérieur à la
somme de ces commentaires, suffit nous semble-t-il à éclairer
: l'écoute, la rencontre singulière induite et déduite
de Propagations qui, bien au dela des promesses d'un genre,
le renouvellent. Rien moins.
Boris Wlassof l
Revue
& Corrigée l
Décembre
2007
Quand
quatre saxophonistes férus d’expérimentations,
rivés sur les champs ouverts de la spatialité et de
la vibration des textures qu’offrent leurs instruments, se
retrouvent aussi souvent pour travailler sur un projet de longue
haleine, les perspectives se révèlent souvent endémiques.
Depuis 2003, Marc Baron, Jean-Luc Guionnet (tous deux au saxophone
alto), Bertrand Denzler (saxophone ténor) et Stéphane
Rives (saxophone soprano) cultivent véritablement ce projet,
Propagations, que ce disque révèle dans une
saisie de l’instant puisqu’il a été enregistré
sur une seule séance, en janvier 2007. L’idée
de propagation est en effet indissociable de l’œuvre,
tant les masses sonores libérées par les instrumentistes
se jouent de leur propre lenteur, de leur aspérité
blessante pour coller au plus près de l’oreille sans
tomber dans une excessivité formelle qui aurait nui à
cet équilibre acoustique bruissant. Un équilibre trouble,
physiquement flou et méditatif, qui occupe avec un rendu
sonore surprenant un espace musical indéfinissable livré
à autant d’instabilités vibratoires qui en altèrent
le sens.
Laurent Catala l
Octopus
l
Novembre
2007
Quatre
saxophones (2 altos, 1 ténor et 1 soprano) servent une improvisation
inquiète de révéler sa propre sonorité,
à force de mesure et de pratiques expérimentales accordées.
Entassant souffles et drones, interventions timides ou osées,
Baron, Denzler, Guionnet et Rives, passent de l’abstraction
charmante d’une première partie à l’instauration
d’élans plus palpables sur une deuxième, que
la réflexion autant que l’insistance peaufinent avec
lucidité. Plaidant pour l’éternel retour d’une
note sur laquelle ils s’accordent, les musiciens dérangent
ensuite leur entente au son de sifflements hauts et de graves, de
ruptures soudaines et d’assauts fomentés. Menée
avec intelligence, l’expérience rassure en révélant
les heureuses conséquences de ces Propagations.
Guillaume Belhomme l
dMute
l
Le
son du Grisli l
Octobre
2007 |
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reviews |
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Hear
the term “saxophone quartet” and you may imagine its
rarely heard, overly sweet classical
form or the too-common, over-the-top jazz incarnations. This saxophone
quartet, however, is one with a difference, as notable for its restraint
as its extended techniques. In fact, the two conspire to virtually
mask the fact that this is a saxophone quartet at all, with Rives
on soprano, Denzler on tenor, and Baron and Guionnet on altos.
The first two of three segments focus often on individual or paired
voices rather than the full quartet, and the timbres and lines —
vibratoless circular breathing suggestive of sine tones, the percussive
popping of keys, and the quiet split-tones— are a universe
away from the bombastic ego frenzy that besets some of the jazz
saxophone quartets.
When the group all play at once near the end of the final segment,
there’s a pipe-organ breadth to the sound of their circular
breathing and an uncanny recollection of Cage’s description
of an anechoic chamber, Rives’ stratospheric high note suggesting
the nervous system, Denzler’s gravelly drone at the bottom
of his tenor’s range evoking the sound of blood circulating.
There’s something wonderfully organic about this acoustic
meditation in which ideas of breath and sound are continuous.
Stuart Broomer l
Musicworks
l
July 2008
In
a sense, the critical acclaim garnered by the Potlatch imprint is
much ado about nothing, though that's in no way indicative of the
label's quality. The label adheres to fairly consistent aesthetic
coordinates, with more than a tendency toward eai (electro-acoustic
improvisation) or minimalism or lowercase improv or whatever clever
codification is used to indicate such sounds these days. Propagations,
one of Potlatch's most recent releases, collects a quartet of saxophonists
for 40 minutes of music that, unsurprisingly, has a distinct lack
of easily identifiable saxophone sounds. Two altos (Marc Baron and
Jean-Luc Guionnet), a tenor (Bertrand Denzler) and a soprano (Stéphane
Rives) get together, but the results tend to blur the lines between
the musicians. Individual output is, at times, sketchily recognizable,
but Propagations relies more on anonymity in its low-key
sea of soft and subtle sounds.
Wide-open spaces mark Propagations; the players rarely
crowd each other, and it's not unusual to find only two, or even
one, of the quartet's members playing at any given time. Like the
end of a bag of microwavable popcorn, much of the album is populated
by sparse and unpredictable pops and clucks, separated by a silence
marked not by tension, but rather a relaxed sense of patience. When
the sound is strung out, the players intermingle a bit more freely,
their soft tones in tight layers, rising and falling, or creeping
along underfoot before coming to a staccato, sputtering end. Their
are some massed moments in which the quartet play with some insistency,
finding a volume in numbers that is almost monolithic against the
relative tranquility of the rest of the disc. Even at its most insistent,
however, Propagations won't wake the neighbors (though
some of the higher register squeals might rouse the family dog).
Improv of this sort doesn't require or rely on a payoff, and, anyone
waiting for any sort of formulaic crescendo or finale would be frustrated
more times than not. Still, there's something quite satisfying about
Propagations' third track. It's not the only time the quartet
engage in long tones and layered sound, but it's the disc's most
striking passage, richly running counter to the silence and space
that play such a big part in Propagations’ sound.
Despite the quartet's clear intent to travel well outside their
instruments' expected norms, there remains a careful quality to
the album's sound, and any skepticism from the novice regarding
the peculiarity of the group's sound should be summarily extinguished
by the precise nature of their near surgical approach.
Adam Strohm
l
Dusted
l
July 2008
The
saxophone quartet sans rhythm section has been part of the fabric
of Jazz and improvised music for well over 30 years now. There is
a certain expectation when one sees that line-up. Muscular
riffs, brawny section work, virtuosic soloing are all brought to
mind. But the unnamed quartet of Marc Baron (as), Bertrand Denzler
(ts), Jean-Luc Guionnet (as) and Stéphane Rives (ss) that
performs on Propagations defies all expectations. My guess
is that, in a blindfold test, some listeners would find it difficult
to identify the instrumentation of the group.
This is a group bent on exploring the sonic possibilities of the
format and the instruments involved, making use of dynamics, the
instrument’s extended range and extra musical devices and
a mini-
mal approach to improvisation. In this quartet silence is as important
as the sounds that are produced.
The piece performed on this disc is in three sections (Part 1 /
Part 2 / Part 3. 41:03. 1/12/07, Poitiers, France). The initial
part is barely audible—a long breath here, a high pitched
whistling sound
there. As it progresses, the piece gradually falls together. Eventually
this section turns into an essay on long quiet tones. Looks unremarkable
in print but the power in this section is in its subtlety and
in the listening ears of these players. In the second part the sounds
become percussive as pads are popped and tongues are clicked, slapped,
and high-pitched trills appear from out of nowhere. The
third movement is the most active with a drone that finds the saxophonists
phasing in and out of the music, wavering their vibratos, shifting
timbres, creating a shimmering fabric of sound.
This is quite an impressive disc and it’s meant to be listened
to in its entirety. Propagations accrues its power and
drama over the course of its 40 minutes. (Although my guess is most
people, per-
haps the musicians themselves, would deny that there is any power
or drama in this music and that wasn’t its intent.) But it
works in that sense and I found it a damn good way to spend 40 minutes.
Robert Iannapollo
l
Cadence
l
July 2008
© Cadence Magazine 2008. Published by
CADNOR Ltd. www.cadencebuilding.com All rights reserved.
Fans
and readers of the popular books by neurologist Dr. Oliver Sacks
know that the brain reacts to sounds in numerous ways. From his
book Musicophilia (Knopf, 2007), we learn of a woman who has seizures
from the folk music of her country, and of comatose patients that
are reanimated by song. Sacks tells us that it can be melody that
invigorates the brain; but it can also be simple pitch, tone, and
texture.
Maybe that is why this part-minimalist, layered saxophone quartet
outing is so inviting. Not that it entices you with melody as much
as simple sonic textures, overlapped and smeared into almost pure
emotion. The players--Marc Baron (alto), Bertrand Denzler (tenor),
Jean-Luc Guionnet (alto) and Stéphane Rives (soprano)--pursue
extended technique, breath, whistles, tones, and the machine-like
sounds of their pads and mouthpieces.
Luckily, we have moved beyond the discussion of whether this is
music. Certainly it is sound, and patient listeners can obtain a
listening experience here. Even impatient listeners (friends and
spouses) gain some insight, as these sound textures envelope you
and draw your attention to this happening of sound.
The quartet puts on a clinic of technique, expanding the saxophone
into--seemingly--the electronic world. They create sound (try and
figure how they do some of this) that, at times, feels more percussive;
and in many instances, as if it were being processed through electronics.
It is, for many listeners, a portal into new and varying ways of
listening while opening different reaches of the brain.
Mark Corroto l
All
About Jazz l
July 2008
On
Propagations, Guionnet is in the company of three fellow
saxophonists, each of whom is similarly bent on extending the sonic
reach of their instrument. Clearly we're not talking a typical saxophone
quartet here: no compositions, no pulses, no sectional arrangements.
Rather, the four voices blend together to create mass and texture,
though not at the expense of tonality, even if the cumulative sound
suggests Messiaen's works for organ rather than wind instruments.
The second propagation detaches suddenly from this thick
sonic carpeting and moves into a territory of isolated pops, whooshes,
and clicks, eventually seeming to weave together into some more
recognizably saxophonic timbres. The third piece blends two approaches,
the idiom of the first and the timbres of the second, into the disc's
most hypnotic and starkly affecting track. Unpredictable swells
and oscillations flicker with an occasional sense of menace but
more often with a senses-alight-before-the-cosmos feeling. There's
a sudden break, and then a return to earth.
Jason Bivins l
Signal To Noise l
June 2008
The
idea of a saxophone quartet might instantly recall ROVA, but Propagations
certainly does not belong to that kind of expression. Two altos
(Baron and Guionnet), a tenor (Denzler) and a soprano (Rives) are
the tools that give life to this concise piece, a pretty homogeneous
improvisation that is nothing but another try to exorcise the concept
that every secret in this artistic area has been revealed by now.
It is a successful one, in virtue of the players’ choice of
dividing their introspective conversation in a series of frameworks
whose basic characteristics exploit the nearly obvious, however
fascinating conditions of pneumatic peculiarity that reed instruments
determine when stimulated in the right way. Fluxes of continuous
notes, halfway through the sound of a detuned squeezebox and an
enthralling hypnosis, are reinforced by the slightly grainy distortion
deriving both from the clash between the upper partials and the
extended techniques applied by the four. Sine wave-like washes are
complemented by impressively unhurried sharp frequencies, the sonic
mass becoming at times almost colossal, a moment later next to pale-skinned
and, just apparently, weak. Silence, when it appears, is soon disturbed
by gentle hissing and tongue clicking and popping, only to re-launch
the musicians towards those slanted settings in which the machines
require once again to be set in vibrating contexts, the ones that
better represent the most satisfying aspect of a music that - if
intelligently tackled - has still much to say after all these years.
Silently or not.
Massimo Ricci l
Touching
Extremes l
January
2008
There
are few instrumental arrangements as loaded as the saxophone quartet.
A piano trio might be classic jazz, but it's been so many other
things that it's easily opened. But the sax quartet - Duke Ellington
wrote for them, ROVA and WSQ made them into variable bands, it means
something.
And while the flexibility of the sax has made it a key instrument
in recent waves of minimalist improv (see John Butcher's remarkable
The Geometry of Sound (Emanem, 2007) for some remarkable
pushing of new technique), the sax quartet has, perhaps, been too
hot a thing to touch. (James Fei's group worked in the vocabulary
but was more formalized than the 41 minutes of open improvisation
here.) While the saxophone affords percussive, woody, metallic and
breathy voices, it is still a monophonic instrument (forced overtones
still being tied to the note played). So while Baron and Guionnet
(on altos) and Denzler and Rives (on soprano) take full advantage
of their horns, some surprising things emerge in the course of their
playing, chief among them being harmony. It might not be the harmony
of a triad with an added seventh, but the most electric moments
of this disc occur not when there's a smear of sound and interjections,
but when there are four distinctive voices contributing to a single
idea. At those moments the quartet truly forges something new.
Kurt Gottschalk
l
Squid's
ear l
November
2007
The
instruments: two alto saxophones, one tenor saxophone and one soprano
saxophone. The musicians: Marc Baron, Bertrand Denzler, Jean-Luc
Guionnet and Stephane Rives. The music: new, sometimes seemingly
weird, sometimes seemingly electronic, sometimes extraordinarily
surprising.
There are many ways to think and feel about this work. As the extremely
inventive artists state on the cover of Propagations, (obviously
divided into three parts, even though it is actually just one):
‘Time codes have been inserted for listening references only’.
Whether that was a real necessity or not must be questioned, because
the music speaks for itself and provides some distinguished moments
of silence throughout, which are probably a lot better placed than
the ‘artificial’ ones.
In terms of musical history, if you hear a quartet of saxophone
players you always experience a close interaction of melodies, a
lot of phrasing, copying, interpreting on the different sounds levels
of the instruments. Also, even on experimental releases, the sounds
may be generated at the technical limits of the saxophones, daringly
stretched and contorted at times - but they’ll still adhere
to a certain way following the rules of musical development, even
if only hinting at this concept.
Not so on this release. Upon hearing the first part, I wasn’t
even quite sure whether I had inserted the right CD into my player.
Lots of silence, lots of seemingly electronically created sounds,
almost at the very limits of what the human ear can hear, certainly
reminding me of some overamplified microphones set to mute. Then,
slowly but surely, other sounds mingle in. They also don’t
seem to be produced by means of using a saxophone. Knocking noises,
once in a while reminding the listener of electronic drumkits, high
frequencies, seemingly melting together only to be separated again.
Noises of the instruments pads without the instruments actually
being played, I assume, play a major role, too. Maybe the scratching
of an unindentified device over the metal of an innocent saxophone,
It is hard to say.
May that be as it is, the continuously changing effects produced
by the musicians morph ever so slowly, ever so subtly, almost unrecognizable
into more traditional use of their instruments. Please don’t
get me wrong, there is no such thing as the quartet actually getting
involved in melodies. This is all sound. On Part Three,
the last section of Propagations, all four instruments
play together – a rare occasion – creating an event
closest to what might have been done before. Only to be followed
by silence, probably to let this extraordinary event sink in all
the better.
This work tells us a fascinating tale about instruments –
in this particular case saxophones - and the way they can be used.
It leads us playfully on wrong paths, it lets us experience sounds
we may have never heard before. The greatest achievement to me is
that these sounds more and more, as CD time passes, are finding
their way back to their original use, without denying their own
will.
Probably because of its atypical character, the artists didn’t
choose a name for their quartet; instead letting their names appear
on their own, again drawing a well selected distinction from tradition
– like they did with their music. Propagations is
just that: a distinction from tradition. A remarkable work.
Fred M. Wheeler
l
Tokafi
l
November
2007
For
french saxplayers join forces here for a CD on the french Potlatch
label. A label specialized in improvised music. I must say, it is
some time ago that I came across a cd with the sax-quartet format,
as there has been a time when this format was very popular (Rova,
etc.). But these gentlemen still see possibilities.
All you might expect from a saxophone quartet is not here. Everything
you expect from jazz either. This quartet choses for a very stripped
down approach, resulting in a very abstract music made up of long
sustained notes or very short ones. With straight lines and dots
they divide space, leaving enough room for silence. Their improvisations
sound very controlled and disciplined, and they are not a highly
emotional affair. On the other hand their music sounds very delicate,
subtle and even intense.
All four players made their mark in the french improv scene. As
a quartet they play and study since three years, working on their
own sound and music with a prominent place for the less is more
principle. They do not chose the easy way. They make use of extended
techniques for coloring their sound, making you often forget you
listen to four saxophones. With little means - a very reduced use
of musical idioms and vocabulary - they impressively succeed in
sculpting a fascinating structure that lasts some 40 minutes.
Dolf Mulder
l
Vitalweekly
l
November
2007
I suppose
one of the more daring things you can do nowadays is to form a saxophone
quartet. Do you deal with the weight of history inherent in your
horn or try to shrug it off? Or do you simply see what four saxophonists
with a thorough understanding of what has transpired in the last
decade or so of contemporary improvisation can do these days?
It sounds like the latter was the approach here. There’s no
indication of how the pieces were put together, though it sounds
as if at least the basic attack was agreed upon beforehand (if not,
all the more impressive). But whatever the case, it by and large
works. The musicians (Marc Baron, alto; Bertrand Denzler, tenor;
Jean-Luc Guionnet, alto; Stephane Rives, soprano) concoct three
works ranging between about ten and seventeen minutes in length,
allowing the ideas plenty of time to flourish. The first limns territory
that one might have expected coming in: soft, grainy and generally
high-pitched, long tones edged with spittle. That it’s not
so surprising doesn’t at all mean it’s in any way unenjoyable
and this one is fine, very delicate in its balance of tones and
the succession in and out of the sound field. The first portion
of second track gives me a bit of a problem, essentially because
a large proportion of the sounds are key pops and other plosives,
elements that carry a wee bit too much of that baggage from prior
generations of free reedists. Still, the mini-explosions are arrayed
with care over fainter flutterings and breaths and when it splays
out into its last half, the saxophones coming to resemble nothing
so much as a wheezing harmonium, it’s rather nice.
But the payoff is the final piece. Here, after several minutes of
sour, whistling squeakiness, the quartet summons forth all the inherent
richness in their axes; the harmonium is cast aside and the pipe
organ appears and raises the roof. Massive slabs of pure reeditude—we’re
still talking drones, no screaming and screeching, just hugeness.
The effect is liberating. Not so much in a cathartic manner as found
in the finest of free jazz squalls, but more in the sense of a recognition
that this capability, too, is in the saxophone and it’s been
too often ignored in recent years. Diving into their lower registers,
the metal begins to vibrate and thrum. They split back out into
various pitch levels, one (Denzler, I would guess), maintaining
the stuttering bottom, perhaps Rives scratching the ceiling. It’s
a beautifully full performance, excellently structured.
Good to hear that a format one might have guessed to be played out,
isn’t.
Brian Olewnick l
Bagatellen
l
October
2007
Just when it seemed that the saxophone quartet might be a format
that had run out of ideas or momentum, along come this French foursome
to add new vitality to the genre. For reasons that are not entirely
clear, even when they have included otherwise free, radical players
(I’m thinking of Julius Hemphill, David Murray, Lol Coxhill,
Paul Dunmall…) saxophone quartets have too often opted to
play it safe; a sweeping generalization, perhaps, but one often
born out.
Now, this combination of tenor, two altos and soprano (together
for three years, although this is their recording debut) takes a
truly radical approach, an approach more compatible with improv
methodology than with that of a big-band horn section or a four-part
vocal harmony group. So, there are no ensemble riffs, no interweaving
melody lines, and no call-and-response—in fact, none of the
standard sax quartet vocabulary. And—just as refreshingly—they
aren’t called The (Blah-Blah) Saxophone Quartet either; they
are just identified by their names.
Instead, across three tracks varying in length from ten to just
over seventeen minutes (a total time of forty-one minutes), the
saxophones predominantly play long-sustained notes or make subtle
noises with the instruments’ pads without blowing. The combined
effect often sounds more like a combination of resonating electronics
and percussion than four saxophones.
The final track starts out with the players in a rather more garrulous
mood, but not until late in the piece do they remotely approach
familiar sax quartet territory, when all four blow together, producing
a righteous blast of sound. But it is short lived, followed by a
period of guilty silence, as if they have to atone for the outburst.
These four almost willfully seem to be avoiding well-trodden pathways,
thumbing their noses at them and, hence, at clichés of the
genre. Admirable.
John Eyles l
All
about jazz l
October
2007
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