|
texte
de pochette |
|
|
Guitariste
allemand, Hans Tammen découvre l'instrument à travers
l'écoute approfondie du jeu de Ritchie Blackmore au sein
du groupe de heavy metal Deep Purple. Il pratique la guitare dès
1972, joue et enregistre dans de nombreuses formations en musique
improvisée ou écrite, dont des performances avec son,
danse et lumières.
Pianiste américain, Denman Maroney puise ses sources dans
la musique contemporaine et le free jazz. Il joue et enregistre
régulièrement avec des musiciens tels que Dave Douglas,
Mark Dresser, Gerry Hemingway, Earl Howard
Les recherches instrumentales de Hans Tammen et Denman Maroney,
entreprises simultanément en solo, se sont concrétisées
par les enregistrements respectifs Endangered guitar et Hyperpiano
(1).
Aujourd'hui, Billabong leur permet de confronter de nouveaux
modes de jeux en duo, de tester le juste équilibre entre
l'aléatoire et la rigueur instrumentale. Le hasard est ce
qui échappe à la volonté de ceux qui créent
mais à partir duquel il est possible de jouer, de structurer.
Pour réagir instantanément à tout imprévu,
leur concentration demeure constante, notamment dans la maîtrise
de la gestion du temps : enchaînement juste, rupture à
point nommé, interventions opportunes ; à aucun moment
la monotonie ne prend pied. Ils portent également un intérêt
particulier à la maîtrise des intensités, ce
qui leur permet de produire un effet d'espace avec des avancées
lumineuses, se détachant d'arrière-plans lointains,
qui brusquement, à leur tour, s'approchent au premier plan.
Hans Tammen et Denman Maroney prennent leurs distances avec les
techniques instrumentales traditionnelles, préparant leurs
instruments à l'aide d'une grande palette d'accessoires pour
les subordonner à leur projet musical. Ils utilisent des
préparations et des techniques qui autorisent une grande
souplesse de jeu, y compris dans les parties les plus minimales.
Le corps du piano est attaqué, martelé brutalement
mais aussi avec délicatesse , engendrant de
nouvelles textures, alors que la guitare est méticuleusement
ou rageusement disséquée. De ces jeux de cordes, effleurées,
caressées, manipulées, émergent des nuances
sinueuses, onduleuses, flexueuses, toujours vives et lumineuses.
Il y a là tout un univers dont la diversité des textures
sonores suscite un très riche pouvoir d'évocation.
Ici, c'est une pluie de notes dansantes sur trame de rouspétances
grinçantes, là, des insectes grêles qui s'entredéchirent
en chuchotant ou un orage mégalithique roulant sur fond de
crissements, grincements, ronflements. Tout remue, crépite,
fourmille, vibre, tinte, maugrée et puis s'épanouit.
Parfois un soupçon de danse velléitaire vient, par
son tempo, apaiser un conflit, ou bien on ne sait quel océan
vient mouiller les sonorités. C'est clair, net, maîtrisé
jusque dans les épisodes les plus complexes.
Théo
Jarrier
(1)
Endangered
guitar paru sur le label Nur/Nicht/Nur, et Hyperpiano, paru
sur le label Monsey Music.
|
|
liner
notes |
|
|
Work
like grass works in the sun.
Jean-François Lyotard
Denman
Maroney, whose technique has come to focus almost entirely on the
interior of the piano, prepared and attacked with objects; Hans
Tammen, who superficially does much the same thing with his guitar.
It was only a matter of time, surely, before these two got together.
And yet. It can be too easy to see two guys who stick objects under
the strings of their instruments and remark that they are doing
something similar. Such things have been done before, many times
over. Today, it is too easy to think of these as once-radical strategies
which have now become passé. Good. Because that means we
can get on with listening to the music.
Like Foucault's brick, Hans Tammen's guitar has been seized, carried
away from its familiar territories and reconstructed elsewhere,
according to no particular rules besides the rigors of what needs
to be done. And like the brick "which is taken from its usual
post as a static element of a stable structure and turned into a
missile to toss through a window, a functionality its inventors
never thought of " there is a violence in his work which can
be sudden and effective.
Tammen is also, though, an unusually meticulous player whose work
seems aimed at the guitar itself, a de-invention of the thing not
by dismantling any physical object but by reverse-engineering its
sound-world, breaking it up into strings, pickups, wood, effects,
possibilities, whispers. The clock and schlip and crack of wood,
the bleep and squirt of electronics.
It's little wonder that the results, even for seasoned listeners,
can be surprising, not only in the technical sense, but aesthetically,
too. One can find dozens of moments along this record's length when
Tammen's strategies work against all the odds. He isn't afraid to
set your teeth on edge, to play close to silence or red-line noise,
to work like a percussionist or a short wave radio, a machine or
(surprise of surprises) a guitar player.
Maroney,
meanwhile, is a rather different kind of player. Anyone who has
approached the strung frame of a grand piano will have been struck
by the sense of a vista, a plain, which is presents. Maroney has
mapped this territory, paced it out and demarcated it with numerous
vehicles ' his bars, bowls, knives, blocks, boxes, bottles, mallets,
mashers, bells and Ebows. Yet he is still enchanted by it and still
capable of being surprised by its contours.
Part
of this surprise is generated by Tammen's emergence in the centre
of his music. They are highly complementary musicians but their
strategies are not the same (listen to Bilge, a fine counterpoint
of simultaneous, only partially-connected lines). It is as if Tammen
is a series of explosions in Maroney's territory, creating chaos,
sending herds of animals and people fleeing across the strings,
and Maroney above it all working the margins, keeping everything
flowing, drawing continuity out of Tammen's love for the quick and
the dislocated.
It's
not that one challenges and the other responds, nor that they speak
the same language ; this is neither a conversation nor
a battle, however frequently we may be tempted by such clichés.
It's as if they could satisfactorily play a game without agreeing
on the rules. It is the essence of cooperation and the utter negation
of competition, a celebration of diversity which, at times, threatens
to obliterate the identities of the two players, fusing them together
to create a crowd, an orchestra of fingers and strings and wood
and metaTogether,
Maroney and Tammen work like grass in the sun, propagating in all
directions, colonising scraps of fertile land, springing up in seemingly
impossible places. Their music is something like a piece of turf
: chaotic on the surface with its forest of apparently separate
details, interlinked underneath, woven together, again without structure
or rationale, a maze of infinite complexity.
Richard
Cochrane
|
|
chroniques |
|
|
Denman
Maroney joue de l’ « hyperpiano », c’est-à-dire
qu’il se concentre presque exclusivement sur l’intérieur
du piano qu’il « prépare » à l’aide
de différents ustensiles vibrants et résonants. De
même, Hans Tammen utilise sa guitare « à plat
» et détourne ses ressources sonores par l’utilisation
de divers dispositifs complémentaires comme des micros-contact,
des effets et un ordinateur. Ce qui distingue l’association
de ces deux musiciens d’autres groupes d’improvisateurs,
c’est la manière dont ils utilisent tous deux des accessoires
extérieurs pour agir sur le son de leurs cordes. Tout en
déjouant le caractère académique de leurs instruments
respectifs, ces deux extrémistes de l’improvisation
moderne réussissent à tenir l’auditeur en haleine
par la frénésie de leur interaction dans un univers
sonore plutôt éthéré de micro-sons en
effervescence.
Gérard Rouy
l Jazz Magazine l
Novembre 2006
Pas
forcément évidente la rencontre du pianiste Denman
Maroney et du guitariste Hans Tammen ; au départ ça
sonne discontinu, très free dans l'idée avec beaucoup
de questions-réponses entre les deux. Provoquant une attente,
trop flagrante, d'un calme apaisant avec des sons tenus et de bourdons
harmoniques, schémas très représentatifs d'une
certaine esthétique de " musique improvisée "
qui a trop tendance à devenir un dogme en ce moment plus
qu'autre chose. Au delà de cela, il y a quand même
de la belle musique et une super écoute. Qu'est ce que j'appelle
" belle musique " ? C'est un réel travail sur les
sons, un certain dépassement de l'instrument pour arriver
aux sons ultimes de celui-ci, là où les autres s'arrêtent.
Un travail de structures assez intéressantes avec des variations
très précises, sans battement d'ailes, juste et à
point nommé.
Julien Ottavi
l Revue
et Corrigée
l Juillet
2001
Dommage que l'écoute de l'effervescent Billabong
ne puisse s'accompagner d'un petit complément d'images des
sessions d'enregistrement. Non pas que la musique ne se suffise
à elle même mais ce disque réunit deux musiciens
au jeu tellement visuel qu'il est dommage de ne pas plus en profiter.
Le pianiste américain Denman Maroney s'est fait une spécialité
de l'hyperpiano, une méthode de jeu où l'attaque frontale
des cordes et leur manipulation avec divers objets rompt avec le
rapport au clavier plus traditionnel. Le guitariste allemand Hans
Tammen ne se prive pas, lui non plus, d'utiliser archets, pierres,
ventilateurs et autres ustensiles pour tyranniser les cordes de
son instrument. Rien d'étonnant donc à ce qu'une telle
rencontre débouche sur un registre d'approche, de textures,
de sonorités aussi variées, allant de la perception
minimale à la rage véhémente. Dans ce contexte,
la force du travail des deux performeurs réside surtout dans
le contact qu'ils ont su établir et dans le répondant
qui les stimule. Les réactions sont quasi immédiates,
chacun des deux musiciens entraînant l'autre dans son sillage.
Il en résulte un rejet intéressant des apartés
nombrilistes et du bavardage musical stérile, où les
connexions musicales heureuses relèvent plus de la chance
que de la capacité de perception. Un vrai duo donc.
Laurent
Catala
l Octopus
l Janvier
2001
Denman Maroney et Hans Tammen ont choisi de se détourner
de la destinée traditionnelle de leur instrument pour se
consacrer, le premier à l'hyperpiano, et le second à
l'endangered guitar (ou guitare "mise en danger"). Terminologie
toute personnelle (reprise en titre de leurs albums solos respectifs,
antérieurs à ce duo), pour une démarche qui
a déjà fait de nombreux émules en musique contemporaine
comme en jazz, celle de la préparation des instruments avec
des objets divers. Pour l'un et l'autre, il s'agit moins d'habiller
l'instrument d'une nouvelle panoplie, que de scruter la résonance
de deux instruments à cordes, d'explorer de nouveaux médiums.
S'en dégage une certaine fascination pour la magie des bibelots
sonores. Un foisonnement aléatoire de bruissements, crépitements,
résonances inattendues d'un espace à l'autre, sans
qu'ils en explicitent la ligne de front. Un parcours en huit pièces,
prises sur le vif, et qui forme un ensemble cohérent, sans
se soucier des horizons de la redite.
Thierry Lepin
l Jazzman
l Novembre
2000
C'est la fin de lété avec son cortège
de crises et de dépressions passagères et, hop, arrive
un disque tout frétillant pour exciter mes oreilles d'ex-fan
de Deep Purple (période "Speed King" seulement,
ce qui ne nous rajeunit pas, cher Théo, et cependant rédacteur
de la note du livret en français, et donc à l'origine
de cette information relative a l'influence initiale du camarade
Hans). Remercions Potlatch, son service de presse et surtout son
calendrier de production (dans le même temps, un fort sympathique
duo de messieurs Evan Parker et Keith Rowe est accessible au même
catalogue) qui, ainsi, nous évite de sombrer dans une néfaste
mélancolie. Je crois savoir que Keith, lui, préfère
Jeff Beck. Je vois bien à ton air perplexe, cher lecteur,
que ces considérations historiques t'ennuient. Nous en parlerons
plus tard. Au fait, Denman joue de l'hyperpiano et Hans de
l'endangered guitar. Je traduis assez simplement par préparations
diverses d'inspiration Castorama pour instruments classiques que
sont le piano et la guitare électrique. Rien de bien époustouflant
à ce niveau, tout le monde le fait de nos jours, ou presque.
Piano et guitare ensemble, préparés ou pas, le pari
est osé. L'expérience est ici totalement réussie.
"Ce qui fait, ne disons pas la valeur (évitons ce
mot pernicieux) mais disons la valence d'une uvre d'art est
donc un rapport : son rapport de contestation avec la culture du
moment." C'est Jean Dubuffet, totalement asphyxié
qui l'affirmait (il y a bientôt quarante ans).
Que
Hans Tammen utilise les outils usés (depuis quarante ans)
par tous les guitaristes de la garde, avant ou arrière, le
place forcément dans un rapport particulier avec la culture
de notre moment. C'est à dire qu'il consent, voire revendique
l'utilisation des instruments et outils avec leur passé,
leur histoire. Il ne rejette pas la culture instrumentale dans sa
dimension historique. Il ne se projette pas uniquement dans l'instant
présent, forcement porteur de ce qu'on appelle les gadgets.
Par moment, une pédale wah-wah se justifie bien autant qu'un
micro-ordinateur et la référence (citation ou hommage,
peu importe) à tel ou tel courant du rock alternatif des
années 70 ou à un quelconque improvisateur prestigieux
(Derek, Hans, Roger, Eugène, Fred...) place aussi ce travail
dans un rapport culturel différent... de ce rapport calculé
par ceux qui affichent, finalement avec ce qu'on finit par détecter
comme cynisme, une trop évidente différence ou similitude...
avec le patrimoine... Alors, on contrefait, on surfait, on défait...
mais on ne joue pas, ou plus, ou mal. Ce qui me plait, donc, pour
en finir avec ce guitariste de talent, c'est qu'il joue. Et que
le jeu (l'intelligence) demeure lessentiel de ce qui nous
motive et agite. Avec la poésie. C'est là quintervient
le pianiste impressionniste. Il sait jouer avec les règles
(rigides) du guitariste, car la guitare (en général)
est rigide et toujours prévisible. Et manque de couleur.
C'est elle qui travaille en noir et blanc. Pas le piano, dont l'aspect
semble un camouflage de ses possibilités sans cesse repoussées.
Enfin,
s'il y a du jeu et de la poésie, il y a du son, résultat
de la conjugaison de la pratique pertinente et de la bonne intention
avec un savoir-faire discret. Ce disque dimprovisation est
un excellent disque de musique. Et pas que de guitare.
Dino
l Revue
& Corrigée l
Septembre 2000
|
|
reviews |
|
|
Denman
Maroney is a master of the prepared piano who has come to focus
on the instrument's Insides. He not only tampers with the strings
but he is experimenting with ways of allacking the strings without
the use of the keyboard. This is what he means by "hyperpiano."
Hans Tammen approaches the electric quitar in much the same way,
by altering the strings with objects and then experimenting with
ways and objects that pluck, strike, bow and bend those strings.
This is what he terms the "endangered guitar."
So this duo is a dream team lor fans of prepared instruments.
Yet this is not the music of AMM. While they alter their instruments
and play in unconventional manners, you as a listener always know
you are listening to a piano and an electric guitar. And there
is no conlusion about which player you are hearing is which. The
aesthetic here is to expand the voice of the instrument into new
territories, not to abandon or alter its own special characteristics,
or even to disappear into a group sound. One has to admit, with
music like Maroney's and Tammen's, that the listener misses the
visual element. How much more enticing this music would be if
we were seeing it played!
The music itsell, as you would expect, is abstract and free lorm.
As with much free improvisation, when it is clicking there is
nothing better in music. But it is a high wire act to stay up
there in the world of flying invention. One misstep and you have
no net, you have no nothing to land on. Maroney and Tammen don't
always manage to stay up on that wire. But particularly in their
most delicate moments, in improvisations tike Bog and Jag: the
duo can create intriguing, evanescent structures.
Music like this is not lor everyone, but there is real beauty
here to be had, especially for the patient and the quiet. For
admirers of Derek Bailey, Billabong is worth checking
out, if only to hear where Bailey's disciples are heading.
Phillip McNally
l Cadence
l May
2001
This
new release titled, Billabong presents the listener with
a series of duets by two eminent improvisera who pursue relatively
unusual implementations as Denman Maroney mens the "hyperpiano"
in concert with Hans Tammen's permutations on the "endangered
guitar".
With
this effort, the duo converges for eight pieces that might depict
some sort of bizarre and thoroughly imaginative musings among
creatures from outer space as the musiciens offer a very special
language atop a seemingly uncontrollable patin of improvisational
deconstruction. On the opening track "Stud",
Tammen performs scathing fines amid disJointed sequences of maniacal
interaction with Maroney's percussive block chords and somewhat
patented techniques and explorations from within the inner workings
of tris piano. Here, the musiciens explore ethereal yet roughly
hewn soundscapes, in conformance with their protean statements
and frenetic interplay. Yet on "Bog", Tammen
produces a horde of downright eerie tones on tris amplified ax,
which elicits imagery of something intangible yet imminently catastrophic.
Whereas on "Jag", the twosome renders a motif
that coula signify a schizophrenic or warped tiptoe waltz, accelerated
by Tammen's strange articulations that sound like tape loops replayed
in reverse. Maroney launches an attack on tris detuned piano strings
yet counters with a humorous sonate on "Bounce".
Throughout, the duo elicits a distinct sense of playful
mayhem via their nearly indescribable methods of execution and
often mind-bending yet incredibly deductive improvisations.
Glenn
Astarita
l allaboutjazz.com
|
|
|
|